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ActualitésSection - Tourettes-Levens

ALLOCUTION DU 11 NOVEMBRE DU PRESIDENT UNC DE TOURETTE-LEVENS

11 novembre 2021

Monsieur le maire, mon cher Bertrand,

Cher Docteur Frère,

Mesdames et Messieurs les élus,

Messieurs les pompiers, mon capitaine Lionel Ardisson,

Nous sommes réunis ce matin pour commémorer la Victoire de 1918.

Nous avons commencé, pour celles et ceux qui le souhaitaient, par une messe solennelle célébrée par le père Marc Ruiz, curé de la paroisse de Saint-Pons, puisque la plupart des poilus de Tourrette-Levens, dont les 43 morts au champs d’honneur, étaient catholiques, comme leurs familles ; nous nous sommes recueillis ensuite devant le monument aux morts pour rendre hommages à ces 43 héros morts pour la France les armes à la main. Pour rendre hommage aussi aux autres tourrettans mobilisés, qui ont combattu sur le front, qui sont revenus de la guerre, blessés, mutilés, gazés, et tous psychologiquement meurtris. N’oublions pas non plus celles et ceux, personnes âgées, femmes, enfants, qui ont parfois perdus des fils, des maris, des pères, des frères… et qui ont dû faire fonctionner le pays : son industrie, son agriculture, son école… La mobilisation a été générale, mobilisation des bras, des cœurs et des esprits… moment unique dans l’histoire du pays que l’on peut peut-être retrouvé dans les guerres révolutionnaires et napoléoniennes de la fin du XVIII°siècle et du début du XIX°.

Deux périodes de notre Histoire où l’existence même de notre Pays, de notre Nation était en jeu.

En 2021, il semble que les mots n’ont plus de sens et que les faits historiques puissent être escamotés, tronqués, réinterprétés à l’aune de nos humeurs du moment.

Alors revenons aux faits et aux sens des mots.

7 millions 800000 hommes seront mobilisés, soit 20% de la population française d’alors ! 1,4 million morts, héros et non victimes,  soit 3,5% de notre population, sans compter les innombrables estropiés, gazés, traumatisés. Dans notre village, 43 morts c’est à dire plus de 5% des tourrettans. L’Empire colonial va prendre part lui aussi à cet effort sans précédent. Tirailleurs d’Afrique noire, d’Algérie et Tunisie, du Maroc, de Madagascar, des Somalis, de Nouvelle-Calédonie, d’Indochine vont venir prêter main forte aux troupes métropolitaines. 450000 hommes de tout l’Empire combattront à leur côté tout au long de ces quatre années, soit environ 6% des effectifs de l’Armée Française. 

Le 3 août 1914, c’est l’Allemagne qui nous déclare la guerre après que ces troupes aient envahi la Belgique la veille. L’armée française est une armée de la fin du XIX°siècle  en plein questionnement, dont la modernisation peine à prendre de l’ampleur. Elle est l’armée d’un pays vieillissant dont l’industrie a du mal se développer. Or en novembre 1918, 4 ans plus tard seulement, elle est l’armée la plus moderne d’Europe, tant sur le plan de ces équipements que sur le plan de la doctrine, qui enlève la victoire et écrase les armées de l’envahisseur sur tous les fronts. Dès 1917 et alors que nous en manquions cruellement 3 ans plus tôt, c’est la France qui équipe de matériels modernes, avions, chars, canons, mitrailleuses,  toutes les armées alliées, y compris celle des États-Unis d’Amérique.

Aujourd’hui, le sacrifice de nos poilus est le plus souvent incompris. Les Poilus sont présentés, tour à tour, comme des civils armés, de la chair à canon entre les mains d’état-majors sanguinaires ou des « malgré eux » qui n’allaient de l’avant que par peur du peloton d’exécution. Cette guerre est,elle, dépeinte comme absurde rendant leurs sacrifices inutiles.

D’itinérances mémorielles en compassion victimaire, on peut être abasourdi et même consterné par le tour que prend parfois l’évocation de ces événements. Pourquoi ont-ils tenu quatre interminables années ? Les raisons réelles sont multiples. Le Général De Gaulle nous les donne dans son discours du 11 novembre 1968 aux Invalides : « amour de la Patrie, fureur de subir l’invasion, espoir de reprendre l’Alsace et la Lorraine, dévouement à la cause de la Liberté, idée que si on gagnait il n’y aurait plus de guerre, acceptation religieuse du Destin ». À chaque Poilu sa ou ses raisons de combattre et de tenir dans la boue, sous les obus et la mitraille. Ces hommes ont tenu parce qu’ils ne voulaient pas subir le joug d’une puissance étrangère, l’empire allemand, comme leurs parents l’avaient déjà subi de 1870 à 1875 et comme malheureusement leurs enfants le subiront de 1940 à 1945.

Ces hommes ne sont pas des victimes ; ils ne sont pas morts pour rien. Ils sont morts pour que leurs femmes, leurs parents, leurs enfants, les générations futures, nous puissions rester libres de notre Destin ; libres de choisir notre mode de vie, nos systèmes politique, économique ou social. Ce n’est pas leur Patriotisme ou leur prétendu nationalisme qui les ont conduit à la guerre mais les intérêts divergents des puissances européennes d’alors.

Parce que l’Histoire est tragique et quelle nous apprend que les intérêts des Peuples sont rarement concordants ; nous devons nous souvenir des sacrifices immenses de nos aïeux avec respect et admiration. Nous ne devons jamais oublier que le ciment des Peuples est la Culture, c’est à dire un substrat religieux et philosophique, une langue, une organisation socio-économique propre, une conception commune des relations humaines, une vision du monde et de l’avenir de la communauté nationale. C’est bien parce que les Français et les Françaises d’alors ne voulaient pas qu’une puissance étrangère, l’Allemagne en l’occurrence, leur impose une autre Culture qu’ils se battirent et consentirent ces sacrifices Il en ira ainsi de façon encore plus explicite  lors de la seconde guerre mondiale.

Par delà le siècle qui nous sépare de nos poilus, entendons leurs voix qui nous disent de ne jamais cesser de combattre pour rester maîtres de notre Destin! Nous nous devons d’entendre et de porter leurs voix qui résonnent pour l’éternité dans le grand fracas de l’Histoire parce que les héros ne meurent jamais.